Vous avez dit laïcité ?

Vous avez dit laïcité ?

Pas un jour, pas un journal télévisé sans qu’il soit question de religion. Au pays de la séparation des Églises et de l’État, la religion, les religions, qu’on aurait pu croire renvoyées à la sphère privée, ne cessent d’envahir la sphère publique.

Les religions et les pratiques religieuses occupent de manière récurrente le devant de la scène médiatique à tel point que les journalistes ne savent voir et analyser les événements qu’à travers le prisme des religions.

L’influence des religions sur la vie des citoyens est indéniable. A droite comme à gauche, il ne faut pas gratter beaucoup pour faire apparaître des considérations qui relèvent plus du catéchisme religieux que d’une morale républicaine, si tant est qu’il en existe une.

L’illusion de la laïcité ne résiste pas à la simple observation des faits et des comportements. La République est dans le religieux et les religions sont dans la République. Le projet de loi visant à interdire le port du voile intégral, présenté en conseil des ministres, prévoit « un stage de citoyenneté » pour les personnes concernées.

Qui instrumentalise ? Qui manipule ? Allez savoir ! En tout cas, quand le Président de la République multiplie les signaux d’allégeance à l’église catholique et revisite la laïcité en la transformant en un œcuménisme opportuniste et politicien on voit bien que Dieu et l’État font toujours bon ménage.

Les religions nous oppriment

L’actualité de ces dernières années s’est beaucoup focalisée sur les manifestations plus ou moins spectaculaires de l’intégrisme musulman : guerres, dictatures féroces, droits de l’homme et de la femme bafoués en permanence, condamnations à mort, lois islamiques, vitriolages, etc.. A chaque fois des hommes s’arrogent le droit de juger, de châtier, de tuer, de mutiler, d’emprisonner au nom du prophète, tout comme le faisaient en leur temps les inquisiteurs de l’église chrétienne.

Les autorités catholiques font mine de découvrir aujourd’hui les abus sexuels commis en toute impunité sur des générations d’enfants qui leur étaient confiés pour être catéchisés. Les mêmes autorités qui condamnent l’homosexualité, qui partent en guerre contre le droit à l’avortement et à la contraception.

Torah, Bible, Coran, tout est bon pour régenter nos vies, codifier, contrôler, enrégimenter, moraliser, asservir au nom de Dieu, de ses représentations et de ses interprétations. Dès le plus jeune âge les religieux bourrent les crânes des enfants pour mieux les asservir à la pensée divine. L’oppression religieuse écrase le monde depuis des siècles.

Athée : pour penser librement

«Dieu est, donc l’homme est esclave. L’homme est libre, donc il n’y a point de Dieu. Je défie qui que ce soit de sortir de ce cercle, et maintenant, choisissons.» écrivait Michel Bakounine.
Tous les espoirs sont permis et tout devient possible dès lors qu’on a fait le choix d’être et de penser librement. Il n’y a en effet pas de liberté possible si l’on admet la domination divine. C’est sans conteste ce qui fonde l’athéisme. C’est évidemment ce qui le met au fondement même de la pensée anarchiste.

On comprendra aisément que, dans des sociétés fondées et organisées sur des rapports de domination, le fait athée soit délibérément écarté, rejeté, nié voire réprimé. Pourtant les athées sont nombreux et même de plus en plus nombreux. C’est le constat qui est fait régulièrement dans les sondages réalisés sur ce sujet, notamment les sondages CSA-Le Monde des Religions.
Ceci étant, force est de constater que les athées sont peu visibles : il y a donc des efforts à faire pour que l’athéisme ait droit de cité.

Athée Pride : pourquoi pas ?

L’hégémonie du religieux est telle qu’il est difficile d’être athée et de le revendiquer. La dictature du politiquement correct fait qu’aujourd’hui la critique de la religion peut facilement être assimilée à de l’islamophobie, de l’antisémitisme, du fanatisme anti-religieux.

Nous aurions sans doute beaucoup à gagner en produisant et en popularisant un discours qui soit plus un plaidoyer pour l’athéisme qu’une charge anti-religieuse. Plutôt que de nous limiter à faire la guerre idéologique à nos adversaires, ce qui reste nécessaire, nous serions bien inspirés de nous exprimer sur le bien-fondé de la pensée sans dieu.
A l’instar de la Gay Pride, journée de la fierté gay, nous pourrions lancer l’idée de l’Athée Pride. Ce serait l’opportunité de sortir le fait athée de la sphère privée pour le mettre sur la place publique. Ce serait l’occasion de promouvoir l’émergence d’un autre futur : sans domination d’aucune sorte.

Si l’on retient l’idée du défilé carnavalesque, il va falloir se creuser les méninges pour concevoir une allégorie de l’athéisme !
Alors ? Chiche ? On cherche une date et on en reparle.

Toulouse mai 2010,
Jérôme – Groupe Albert Camus